Comme vous le savez sans doute déjà, l’entrepreneuriat n’a rien à voir avec le salariat.
Lorsque j’ai lancé ma 1ère entreprise, un peu par hasard, je n’avais jamais imaginé que j’allais enseigner. D’ailleurs cela faisait partie de mes frustrations lorsque j’étais salariée. Puis les années passant j’avais de plus en plus envie de partager mes connaissances. J’ai essayé d’intégrer les postes de formatrice en interne malheureusement l’opportunité ne s’est pas présentée. Mais n’allons pas trop vite !
Je vous raconte…
Un jour, une personne de mes connaissances me dit qu’on lui a proposé de remplacer une prof vacataire à l’IUT afin de prendre en charge les cours de management et de création d’entreprise. Cependant elle ne souhaitait pas assurer ces cours, qui étaient destinés à des élèves de Licence Pro en Génie Civil et représentaient 85 heures de cours sur l’année pour 2 classes. C’est pourquoi l’IUT cherche quelqu’un c’est assez urgent et personne ne veut y aller. Comme j’adore les défis et que je rêve d’enseigner, sur deux thèmes que j’aime : management et création d’entreprise.
Hop ! je relève le défi!
Afin de préparer le travail à venir, je rencontre le référant des 2 promos, qui m’explique un peu ce qu’on attend de moi. Notamment de noter mes élèves à la fin de l’année, sachant que ces notes compteront pour leur diplôme. Dans ces conditions, je prépare mes PPT pour mes 2 sujets et pour les cours de toute l’année. (Totalement old school, comme méthode !)
Impatiente et préparée (du moins le pensais-je) j’arrive pour mon 1er cours : une classe de 27 élèves dont une fille. En fait, Génie Civil c’est purement la construction. Donc j’ai une classe Infrastructure (ils font nos routes) et une classe Bâtiment (là c’est clair pour tout le monde). Bref : des beaux bébés qui ont déjà un pied dans le monde du travail et sur des chantiers. Afin de faire connaissance je me présente rapidement avant de faire un tour de table pour qu’à leur tour ils me disent qui ils sont et surtout ce qu’ils ont envie de faire plus tard.
Je veux un CDI, madame…
Et là. Tous. Sans exception. Ils me répondent « je veux un CDI, madame ». Alors que je les écoute, défilent dans ma tête les PPT qui vont être tous plus abscons les uns que les autres, pour eux. Lorsque tu réalises que ce que tu as préparé ne va pas coller à ton public et qu’au contraire ça peut vite être l’enfer, la seule solution c’est de pivoter ! Comment imaginer qu’ils viennent en cours en traînant des pieds ou PIRE : qu’ils dorment ! Donc en les écoutant, j’ai eu une idée : je vais les inviter à monter leur boite !
En fait, je leur ai proposé un deal.
Ni eux ni moi, ne comprenions pourquoi dans leur cursus on leur avait collé 40h de cours sur la création d’entreprise : sujet à mille lieues de leurs préoccupations. Puisque nous devions faire route ensemble, autant faire en sorte que le trajet soit plaisant et que chacun reparte avec quelque chose. Par conséquent j’ai décidé de mixer les 2 cours, de faire des équipes (que j’ai constitué afin d’éviter les groupes par affinités) et de partir de rien.
Partir de rien : c’est le vrai début des entrepreneurs.
Par classe, j’ai donc 5 groupes de 4/5 élèves. Et pour coller à la réalité : ils ne se sont pas choisis, certains ne s’apprécient pas et ils n’ont aucune envie de créer une entreprise. Ça fait rêver hein ! Cependant ça a été passionnant ! On a ri souvent, parfois j’ai dû en recadrer certains, mais tous, se sont pris au jeu. Et le plus important : on a partagé. Ce qui pour moi est encore émouvant : c’est lorsque l’un ou l’autre est venu me voir à la fin d’un cours me demandant timidement « et si ? ça pourrait marcher, vous croyez ? » En réalité j’ai cru que je ne pourrai pas aimer plus mes premiers élèves, mais la magie de l’enseignement c’est que j’ai tout autant aimé les suivants ! Avec plaisir je les ai regardé se prendre au jeu, se creuser la tête pour trouver une idée, un nom, un logo, une landing page, un business plan ou encore se répartir le travail. On comprend mieux pourquoi le cours de management avait du sens ! Mais aussi apprendre à régler les conflits, apprendre les uns des autres. Se découvrir aussi en essayant de faire confiance. Car ils vont gérer des équipes. Hé non mes petits chats : les conflits ne se règlent pas “au cul du camion” !
C’est aussi pour cela que j’ai mélangé les 2 thèmes. Aujourd’hui, je continue à enseigner avec autant de plaisir dans d’autres écoles et sur d’autres sujets. Puis je les suis au travers des réseaux sociaux, quelques-uns ont lancé leur entreprise, je suis ravie d’avoir pu, à ma mesure, leur insuffler ce petit quelque chose qui leur a fait oser.
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